L’exposition universelle est une plateforme unique pour faire rayonner Genève sur le plan international, mais aussi pour montrer à quel point la Ville de Genève est internationale, autant du point de vue de ses institutions et organisations gouvernementales ou non, que dans son cœur même, dans sa population, dans ses traditions, dans ses habitudes, dans ses restaurants. Il existe en effet un nombre important de restaurants de traditions culinaires différentes, surtout par rapport au nombre d’habitants de la ville. Les étudiant-e-s se sont concentrés sur dix restaurants, sélectionnés par Alessandra Roversi, spécialiste du Slow Food, mandatée par la Ville de Genève. Ces restaurants représentent chacun une culture et des traditions culinaires différentes. 

Les étudiant-e-s en Architecture d’intérieur et en Communication visuelle se sont donc lancé-e-s dans une analyse approfondie de ces dix restaurants, des lieux qu’ils ont envisagés comme des lieux d’échange, de réseaux et des lieux de récoltes sensorielles. Ils les ont observés comme des machines culturelles, dont ils ont analysé tous les processus, de la sélection des aliments et ingrédients, à la transformation et à la cuisson, en passant par l’analyse du fonctionnement de la cuisine, la manière de les servir et d’interagir avec les clients. 

Le travail de recherche et de design s’est articulé autour de trois points majeurs dans le processus de création du projet : la technique, la narration et l’évocation. 
Les installations développées dans l’atelier Chimera sous l’enseignement de Giona Bierens de Haan se sont articulées dans un premier temps autour de la technique, en se concentrant sur l’aspect manuel des métiers, sur le savoir-faire professionnel. Ensuite, les éudiant-e-s se sont concentrés sur le potentiel narratif de leurs projets, sur une structure générale de récit à mettre en place. 

Pour finir, l’évocation a été au centre des préoccupations des étudiant-e-s. Évoquer un objet réel (objet de perception), contacter cet objet par l’un au moins des cinq sens (vue, ouïe, toucher, odorat ou goût). Elle prend conscience de l’existence de cet objet en se donnant intérieurement une évocation qui peut être visuelle (image iconique, dessin...), auditive (bruit, son...), verbale (paroles, commentaires...) ou tactile (ressenti de toucher...). 

Quatre projets fabuleux ont vu le jour. Les processus divers ont en effet été traduits en machines extraordinaires, dotées de toutes sortes d’attributs visuels, lumineux et cinétiques, ou encore tactiles, sonores ou olfactifs. 

MUSICA CROMATICA, une installation sonore, une machine ayant enregistré les images récupérées dans les divers restaurants, dont les pixels ont été retranscrits en sons, faisant de chaque plat une mélodie originale.

CAMERA MACULA propose une lanterne magique qui prend comme matière première les restes récupérés sur les divers lieux et assiettes. Les étudiant-e-s les filment, travaillent et projettent des images plus proches d’un sol lunaire que celui d’un restaurant. 

CITTA AQUARIA narre de manière poétique les échanges, les réseaux, les échanges de ces lieux de socialisation. 

Les étudiant-e-s ont enfin imaginé un char, le CULINA RAPIDA, qui n’aurait de guerrier que sa brigade de cuisine, et des spatules en bois et des baquettes en guise d’armes. Le cuisinier devient un super héros qui se déplace sur son tank poétique inspiré de la culture japonaise.